Hora, Ora, s. f., lat. hora, heure.
Lo jorn o la nuehs, sia petitz o grans, a XXIIII horas.
Liv. de Sydrac, fol. 71.
Le jour ou la nuit, soit petit ou grand, a vingt-quatre heures.
Mas que Dieus me do
Vezer l’ ora e l’ an.
P. Raimond de Toulouse: No m puesc.
Pourvu que Dieu me donne de voir l’heure et l’an.
Oras e jorns e setmanas e mes.
G. Riquier: Razos m’ aduy.
Heures et jours et semaines et mois.
Loc. Qu’ om rendes N Enric, qu’ ora seria.
Qu’on rendît le seigneur Henri, vu qu’il serait l’heure.
Be es ora que mangem. Philomena.
(chap. Be es hora de que mingem.)
Il est bien l’heure que nous mangions.
ANC. FR. La montance d’une sole hore. Roman de la Rose, v. 9020.
CAT. ESP. PORT. Hora. IT. Ora.
Adv. comp. Verges, en bon’ hora
Portes lo Salvaire.
Perdigon: Verges.
Vierge, en bonne heure vous portâtes le Sauveur.
Per que fon de bon’ hora natz.
C’est pourquoi il fut né de bonne heure.
ANC. FR. Je veulx dire et maintiens qu’il est né de bonne heure.
Clément Marot, t. V, p. 117.
Et de bone eure fustes nez. Fables et cont. anc., t. III, p. 258.
ANC. ESP.
Mio Cid don Rodrigo el que en buen ora nasco. (nasció, nació)
ANC. IT. En buon’ ora fusti nato.
Jacopone da Todi, lib. III, od. 24.
Il buono uom disse: In buon’ ora sia.
Boccaccio, Decameron, VII, 2.
Qui tota ora sempre vai chaden. Poëme sur Boèce.
(chap. Qui a tot’ hora sempre va caén; a totes hores.)
Qui à toute heure va toujours tombant.
CAT. A tota hora.
De dia en dia e d’ ora en hora.
Tit. de 1302. DOAT, t. XLIX, fol. 292.
De jour en jour et d’heure en heure.
On a dit or pour ora.
Totz jorns vai creissen
Tan d’or en or que n’ es sobreversatz.
P. Cardinal: Totz lo mons.
Toujours va croissant tant d’heure en heure qu’il en est bouleversé.
En so qu’ om serca esdeve
A las horas.
Bernard de tot lo mon: Los plazers.
En ce qu’on cherche on parvient parfois.
En breu d’ ora tornara per sas mas.
En peu de temps retournera dans ses mains.
Era m don Dieus que repaire
Joys vas mi en petit d’ ora.
Maintenant que Dieu m’accorde que joie revienne vers moi en peu de temps.
ANC. FR. En petit d’ore s’esveille.
Roman de Partonopex de Bloys, Not. des mss., t. IX, p. 16.
Sa colors fresqu’ e vermeilla
Sa couleur fraîche et vermeille change mon sens, telle heure il est (actuellement).
Can que s dirn, tart o ab ora.
Deudes de Prades, Auz. cass.
En quel temps qu’il dîne, tard ou à l’heure.
D’ oras en autras sospiran. Roman de Jaufre, fol. 72.
D’ heures à autres soupirant.
Dans les plus anciens titres rédigés en latin, pendant le moyen âge, on trouve la forme adverbiale composée, de ista ora in antea, de cette heure en avant.
De ista ora in antea, ego, Geraldus. Titre de 960.
La langue romane s’était approprié cette forme.
Hueymais, d’ era enans.
J. Esteve: Aissi quo ‘l.
Désormais, dorénavant.
Non sia si ardida d’ oras en avant de dansar.
Tit. de 1394. Hist. de Nîmes, t. III, pr., p. 126.
Ne soit si hardie dorénavant que de danser.
De aquesta ora adenant non tolra. Tit. de 1059.
De cette heure en avant il n’ ôtera.
Guart se d’ elhs d’ esta hora enan.
G. de Montagnagout: Del tot vey.
Qu’il se garde d’eux de cette heure en avant.
PORT. Que d’ esta ora en deante.
Elucidario, t. 1, p. 165.
Conj. comp. Anc de l’ hora qu’ ieu fuy natz.
Alphonse II, Roi d’Aragon: Per mantas.
Oncques dès l’heure que je fus né.
Qu’ ela m fetz a mos huels vezer.
B. de Ventadour: Quan vei la laudeta.
De l’heure en çà qu’ elle me fit voir à mes yeux.
Ges non puesc en bon vers faillir,
Nulh’ hora qu’ ieu de mi dons chan.
P. Rogiers: Ges non.
Je ne puis faillir en bon vers, à nulle heure que je chante de ma dame. Quan ve a l’ ora qu’ el corps li vai franen. Poëme sur Boèce.
Quand vient à l’heure que le corps lui va se brisant.
2. Horas, s. f. pl., heures, prières.
Sos canorgues que canton sas horas. V. et Vert., fol. 43.
Ses chanoines qui chantent ses heures.
Ni miellz diguan lurs horas.
V. de S. Honorat.
Où il y ait tant de corps saints… et que mieux ils disent leurs heures.
ANC. FR. Je avoie deux chapelains avec moy qui me disoient mes hores.
Joinville, p. 105.
CAT. ESP. PORT. Horas. IT. Ore. (chap. Hores en plural; orassions;
hora en singular.)
3. Aora, Aoras, Adhoras, Adoras, adv., du lat. hac hora, maintenant, actuellement, présentement, tantôt.
Farai sirventes aora.
Torcafols: Comunal.
Je ferai sirvente maintenant.
Mas pel mal qu’ aoras m’ en ve.
Peyrols: Atressi col.
Mais par le mal qui m’en vient présentement.
Homs vol tan solamen,
Adoras per sazo,
Adoras per razo,
Adoras per abdos.
L’homme veut tant seulement, tantôt par saison, tantôt par raison, tantôt par tous deux.
Adv. comp. Desamparat per aoras e per totz temps.
Tit. de 1275. Cab. Courcelles, n° 5678.
Abandonné à cette heure et pour toujours.
ANC. ESP. Agora. ESP. MOD. Ahora. PORT. Agora. IT. A ora, ad ora.
(chap. Ara.)
4. Ar, Ara, Aras, adv., maintenant, actuellement, présentement, tantôt.
Ar, vey qu’em vengut als jorns loncs.
(chap. Ara vech que ham vingut als díes llarcs o llargs.)
Guillaume de Cabestaing: Ar vey.
Présentement, je vois que nous sommes venus aux jours longs.
Ara sai eu de pretz, quals l’a plus gran
De totz aquels que s leveiron mati.
Maintenant je sais touchant le mérite, qui l’a plus grand de tous ceux qui se levèrent matin.
Qui aras plora et aras ris; aras es ad ayze, aras es a mal ayze; aras es irat, aras es pagat; aras es en gaug, aras es en tristor.
V. et Vert., fol. 36.
Qui tantôt pleure et tantôt rit; tantôt est à l’aise et tantôt est à mal aise; tantôt est irrité, tantôt est apaisé; tantôt est en joie, tantôt est en tristesse.
Adv. comp. Per aras e per toz temps. Tit. de 1273. Arch. du Roy., J. 322.
A cette heure et pour toujours.
ANC. FR. … Or sui chaus, or sui frois,
Or chant, or plour et or sospir.
Ores il vente, ores il fait calme; ores il faict froid, ores chaud.
Camus du Belley, Diversités, t. I, fol. 299.
Ore froid comme neige, ore chaud comme braise.
Ronsard, t. I, p. 260.
IT. Come lieve il pensiero è degli amanti!
Or esce di speranza, or si lusinga,
Or vuol morire, or vuol restare in vita.
Metastasio, Giustino, att. IV, sc. 1.
5. Er, Era, Eras, adv., maintenant, actuellement, présentement, tantôt.
S’ieu anc jorn fui gays ni amoros,
Er non ai joy d’ amor ni non l’esper.
Folquet de Marseille: S’ al cor.
Si jamais je fus gai et amoureux, actuellement je n’ai bonheur d’amour ni ne l’espère.
Lo vers Dieus, Jhesus Critz.
Que maintenant nous soit guide le vrai Dieu, Jésus-Christ.
Eras sai ben a escien
Que selh es savis qui aten.
G. Rudel: Belhs m’ es.
Actuellement je sais bien à mon escient que celui-là est sage qui attend.
Mas tant a ‘lh cor van e duptos
Qu’ eras l’ai, eras no l’ai ges.
B. de Ventadour: Ja mos chantars.
Mais elle a le coeur si vain et incertain que tantôt je l’ai, tantôt je ne l’ai pas.
6. Anquera, Anqueras, Encar, Encaras, Enquer, Enquera, Enqueras, adv.,
du lat. in hac hora, encore.
Anquera si el es apelatz al cosselh. Liv. de Sydrac, fol. 44.
Encore s’il est appelé au conseil.
Anqueras ela sera benezecha de la boca de Dieu. Trad. de Bède, fol. 21.
Encore elle sera bénie de la bouche de Dieu.
Enquer aurai loc de chantar.
Encore j’aurai lieu de chanter.
Gavaudan le Vieux: Senhors per lo.
Encore n’est pas recouvré.
Enquera m vai recalivan
Lo mals d’ amor qu’ avi’ antan.
P. Raimond de Toulouse: Enquera m vai.
Encore me va réchauffant le mal d’amour que j’avais antan.
Non an tan dig li primier trobador…
Qu’ enqueras nos no fassam, apres lor,
Chans de valor.
Guillaume de Montagnagout: Non an tan.
M’ont pas tant dit les premiers troubadours… qu’encore nous ne fassions, après eux, chants de prix.
ANC. ESP.
Apriso de rectorica, era bien razonado,
Encara de sus armas era bien esforciado.
Mas no los havia Oria encara olvidados.
CAT. Encara, enquer, enquera. IT. Ancora. (chap. Encara.)
7. Cora, Quora, Coras, Quoras, adv., du lat. qua hora, quand, à quelle heure.
(chap. Ay Deu! y a quína hora la voré; cuán.)
Pons de la Garde: Ben es dreitz.
Ah Dieu! et quand la verrai-je?
No m sai quora mais la veyrai.
G. Rudel: Lanquan li jorn.
Je ne sais quand je la verrai davantage.
– Tantôt.
Paubres, cora a pe, cora a caval. V. de Hugues de S. Cyr.
Pauvre, tantôt à pied, tantôt à cheval.
Quoras ment ni quoras dis ver.
Tantôt ment et tantôt dit vrai.
Loc. Si saubes quan ni quora.
Giraud de Borneil: Quan branca.
Si je susse quand et à quelle heure.
Conj. comp. Cora que mos chans sia bos.
G. Faidit: Cora que.
Quoras que m tengues jauzens
Bien que me tînt joyeux Amour, maintenant il me fait languir.
Amey la pauca e toza,
Et pus, coras que fos espoza
E coras que saup far e dir
So que tota gen dec grazir.
Guillaume de Berguedan: Amicx.
Je l’aimai petite et jeune fille, et depuis bien qu’elle fut épouse et bien qu’elle sut faire et dire ce que toute gent dut agréer.
Quora qu’ Amors vuelha.
Peyrols: Quora qu’ Amors.
A quelle heure qu’ Amour veuille.
Un troubadour a dit quor pour quora.
Quor qu’om trobes Florentis orgulhos,
Er los trob om cortes et avinens.
P. Vidal: Quor qu’om.
Bien qu’on trouvât les Florentins orgueilleux, maintenant on les trouve courtois et avenants.
(chap. Quína hora; quín’ hora.)
8. Orendrei, adv., orendroit, désormais.
Que tuit seriatz mortz o vencutz orendrei. Guillaume de Tudela.
Que vous seriez tous morts ou vaincus orendroit.
ANC. FR. Et dist Primaut, je m’ i acort
Qu’il soient venduz orendroit.
Roman du Renart, t. 1, p. 140.
Orendroit, si Dieu m’ aïst.
9. Lahoras, adv., alors.
Lahoras cauterisa aquel ab autre cauteri. Trad. d’Albucasis, fol. 3.
Alors cautérise celui-là avec autre cautère.
(chap. Entonses; allabonses, llavores, llavors, allavores, etc.)
10. Aorar, Aurar, Ahurar, v., heurer, rendre heureux, devenir heureux.
Si be m fai, e mielhs m’ ahura.
Marcabrus: Lanquan.
Si me fait bien, et mieux me rend heureux.
Meilluratz…
Es cui jois aora.
Pierre d’Auvergne: Rossinhols.
Amélioré… est celui que joie rend heureux.
Pero sospir, quar mouta gens ahura
De malvestat c’ades creis e pejura.
Marcabrus: Auiatz.
Pourtant je soupire, car nombreuse gent devient heureuse par méchanceté qui incessamment croît et empire.
ANC. FR. Et seul tu m’as heuré
Quand plus mon fait estoit désespéré.
Ronsard, t. II, p. 936.
Altrement ne peuz estre fors par ço eurez.
Par ainsi ton cueur,
Et mon ame heurée
Vivront sans langueur.
Olivier de Magny, p. 147.
Seur en sa case heurée.
Luc de la Porte, Tr. des Odes d’ Horace, liv. II, p. 49
11. Benauranssa, s. f., bonheur, félicité, béatitude.
Aisso es la gran benauranssa ont lo don de entendemen mena aquells que gardan neteza de cor e de cors. V. et Vert., fol. 99.
Ceci est la grande félicité où le don d’ entendement mène ceux qui gardent pureté de coeur et de corps.
(chap. Benaventuransa, benaventuranses.)
12. Bonauretat, s. f., bonheur, béatitude, félicité.
Si cum bonauretaz alegra los bos.
Si as bonauretat, non aias ergoil.
Saber usar paupreira es grans bonauretatz.
Trad. de Bède, fol. 76, 69 et 3.
Ainsi comme félicité réjouit les bons.
Si tu as félicité, n’aie pas d’orgueil.
Savoir supporter la pauvreté c’est grand bonheur.
13. Bonazurat, Benesurat, adj., bienheureux.
Bonazuratz son los netz de cor. V. et Vert., fol. 99.
(chap. Benaventurats són los llimpios de cor.)
Bienheureux sont les purs de coeur.
Lo cors del benesurat sant Thomas.
Lett. du preste Jean à Frédéric, fol. 3.
Le corps du bienheureux saint Thomas.
14. Bonaurar, Benaurar, v., bienheurer, rendre bienheureux, bénir.
Part. pas. Bonaurat sunt cil que morunt en Deu.
Trad. de Bède, fol. 76.
Bienheurés sont ceux qui meurent en Dieu.
Qui sest chan chantara soven,
De Dieu sia benauratz.
Deudes de Prades: Qui finamen.
Qui chantera souvent ce chant, soit béni de Dieu.
Ad honor de la benaurada Verge. Philomena.
A l’honneur de la bienheurée Vierge.
Subst. Li benaurat en l’ auta ierarchia. V. de S. Honorat.
Les bienheurés en la haute hiérarchie.
Cil qui par autri se chastie.
Que pour me bienheurer d’un immortel renom,
J’ai le front de mon livre honoré de ton nom.
Olivier de Magny, p. 2.
Par les ordonances, de boneurée recordation, saint Loeys.
Ord. des R. de Fr., 1245, t. 1, p. 56.
ANC. CAT. Benaurat. (chap. Benaventurat, benaventurats, benaventurada, benaventurades.)
15. Malahur, s. m., lat. mala hora, malheur.
Quand Rigunte, fille de Chilpéric, partit pour l’Espagne, où elle devait épouser le roi Recarède, Grégoire de Tours (l. VI, c. 45) rapporte que l’essieu d’un des chariots qui la suivaient chargés de richesses, s’étant brisé en sortant de Paris, tous les assistants s’écrièrent: Mala hora.
Qu’a son poder,
No s volva ni s vir ni s pejur
Elh e son bran a malahur.
Giraud de Borneil: Nuilla res.
Que, selon son pouvoir, il ne s’ entraîne ni se tourne ni s’empire lui et son glaive à malheur.
16. Malauros, Malahuros, adj., malheureux.
Hailas! co fui malauros,
Guillaume de Balaun: Mon vers mov.
Hélas! comme je fus malheureux, quand pour moi elle abaissa son bandeau.
An bec malahuros,
Que son peior que Judas que Dieu trays.
P. Bremond Ricas Novas: Pois nostre temps.
Ont langage malheureux, vu qu’ils sont pires que Judas qui trahit Dieu.
17. Malaurar, Malahurar, v., malheurer, rendre malheureux.
Quan Dieus dira: Anatz, malaurat,
Ins en infern, on seretz turmentat.
Folquet de Romans: Quan lo dous.
Quand Dieu dira: Allez, malheureux, dedans l’enfer, où vous serez tourmentés.
E ‘l res que pus bistensa
Los malahuratz.
P. Cardinal: Selh jorn. Var.
Et la chose qui le plus trouble les malheureux.
ANC. FR. Ah! chaitive maléurée…
Moult estes or maléurez.
Roman du Renart, t. III, p. 217 et 42.
Ladicte femme malheurée r’encheut és erreurs.
Monstrelet, t. II, fol. 73.
Aidez-vous donc, madame, et quittez de bonne heure
D’ Antoine le malheur de peur qu’il vous malheure.
R. Garnier, trag. de Marc Antoine, act. II, sc. 2.
Las! ne m’avoit assez malheuré le destin.
R. Garnier, trag. d’Hippolyte, act. V, sc. 1.
18. Reloge, Relotge, s. m,, lat. horologium, horloge.
Una corda prima… per la balansa del reloge.
Tit. de 1428. Hist. de Nîmes, t. III, pr., p. 229.
Une corde fine… pour la balance de l’horloge.
Qui tendra lo relotge.
Tit. de 1413. DOAT, t. LXXIII, fol. 263.
Qui tiendra l’horloge.
CAT. Rellotge. ESP. Relox (reloj). PORT. Relogio. IT. Orologio.